Conférence à Dionysos

 

Conférence performée - 1 heure.
Les Mystères de la Vie
18 Novembre 2008
L'écurie/RTT - Bruxelles

La Conférence à Dionysos est une conférence accompagnée d'un diaporama. S'enchaînent des lectures, des moments d'explication et des moments de performance. L'ensemble tourne autour de la figure mythologique de Dionysos tout en abordant des thèmes connexes tels que la folie, la transe, la présence et l'absence, le masque, les cultes anciens, la pensée magique, etc...
La profusion d'éléments de sens laisse au spectateur sa liberté de lecture, sa liberté de penser, sa liberté d'occuper pleinement sa place dans le dispositif d'habitude si autoritaire de la conférence. Cette place, il la trouve également dans les absences du conférencier, dans le face à face avec le vide de ses yeux noircis tels les orbites d'un crâne, tout comme le masque vide de Dionysos symbolise dans le dieu la place du fidèle qui lui rend hommage.


En sous-texte, les moments de performance (absorption d'une boisson, projection d'une main négative, masque mortuaire, danse ridicule...) forment les étapes d'un rituel de passage personnel qui fût réellement constituant.

Résumé
Propos Liminaires : Les chercheurs apprécieront la difficulté.
Ils savent à quel point la bouche devient incontrôlable quand il faudrait être à la fois original et sensé.
Introduction : la parole sèche et la parole humide chez les Dogons. Le conférencier prépare et absorbe la boisson qui constitue son entrée en matière.
Thèse 1 : René Daumal se manifeste.
René Daumal se manifeste sous la forme d'une mue de couleuvre. Comme Dionysos, et comme l'indique son prénom, René Daumal est né deux fois.
Thèse 2 : La transe des chamanes
La transe comme état d'absence et présence, présence du corps, voyage de l'esprit – une forme sophistiquée et contrôlée d'aliénation. Le conférencier maquille ses yeux puis souffle une main négative sur l'écran.
Thèse 3 : Montrer l'os
Pour exister il suffit de se laisser aller à être,
mais pour vivre
il faut être quelqu'un,
pour être quelqu’un il faut avoir un os,
ne pas avoir peur de montrer l'os,
et de perdre la viande en passant.
Le conférencier fait sonner l'os en frappant sur son crâne.
Thèse 4 : James Ensor
Lors des rites chamaniques belges, Ensor a la capacité d'apparaître squelettisé. C'est cette caractéristique qui fait qu'Ensor, ayant perpétuellement les dents apparentes, est aussi l'esprit du rire désopilant, du rire ouvrant, le rire de la fraternisation de la vie et de la mort. Le conférencier est lui-même squelettisé.
Thèse 5 : L'entrée à Rome d'Héliogabale
La thèse 5 est constituée par la lecture de l'entrée à Rome de Héliogabale telle que la décrit Antonin Artaud (Héliogabale ou l'anarchiste couronné - p111,112 éd l'imaginaire gallimard).
Thèse 6 : La hyène, quelques indéterminations.
Par sa capacité a manger et la viande et les os, de s'alimenter de proies mortes ou vivantes, d'être femelle dans le mâle et mâle dans la femelle, à la fois très organisé socialement et radicalement sauvage, la hyène est un animal de l'entre-deux, et par là, absolument dionysiaque. Le conférencier met du rouge à lèvres et dévoile la robe qu'il porte sous sa veste.
Thèse 7 : Aby Warburg et la conférence du serpent.
C'est en donnant « la conférence du serpent » devant un étrange public de personnels soignants et de patients, que Warburg quittera sa clinique, démontrant sa capacité à mener un travail scientifique cohérent et ainsi son aptitude a regagner la vie civile. Une conférence qui a l'étrangement double statut d'un travail scientifique, et d'un rituel de passage.
Thèse 8 : Dionysos
« Ces accessoires vides, le masque barbu, la couronne de lierre, la robe flottante figurant la divinité avec qui en un face à face fasciné, le fidèle peut se fondre, l'homme peut lui-même les revêtir, endossant ainsi les marques du dieu les prenant sur soi pour s'en mieux laissé posséder. Devenir autre, en basculant dans le regard du dieu ou en s'assimilant à lui par contagion mimétique, tel est le but du dionysisme qui met l'homme en contact immédiat avec l'altérité du divin. »
« Les gambades et les sauts des ménades et des satyres expliquent un autre aspect du dionysisme, le délire joyeux et libérateur qui s'empare de celui qui ne refuse pas le dieu, qui accepte avec lui de remettre en question les catégories, d'effacer les frontières séparant l'animal de l'homme, l'homme des dieux, d'oublier les rôles sociaux, les sexes et les âges, de danser sans crainte du ridicule comme dansent les deux vieillards chenus des bacchantes, Tirésias et Cadmos. » Le conférencier porte un masque et un clitoris de hyène, et danse sans se soucier du ridicule.


Antithèse
c'est la réalité elle-même
le mythe de la réalité même, la réalité mythique elle-même, qui est en train de s'incorporer.


Synthèse
[...]Ces deux piliers représentant des phallus se dressent dans l'axe même du soleil.
Dans l'habitacle l'Artaud-Dionysos, Dionysos manifesté, Warburg en convulsion, Ensor, les hyènes, les chamanes, Jésus, 200 danseuses parfumées, 300 taureaux femelles, les galles tranchant leur sexe, tous retournent leur cul vers l'avant,[...]