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Nantes - rues commerçantes Au premier abord, ces enseignes ne disent rien. Pas de marques identifiables, pas de textes, pas de figures. Pourtant ce sont des enseignes comme les autres, de facture industrielle. Pour le passant-spectateur qui les voit (beaucoup ne les verront même pas), elle ne disent rien, muettes.
J'ai conçu ces enseignes pour qu'elles soient énigmatiques. Comme des sortes de contre-signes qui résistent à une lecture directe, de la non-communication (au sens mercantile du mot). Une forme non parlante et non spectaculaire, et qui tente, par son caractère énigmatique, d'accrocher un regard devenu anorexique à force de gavage publicitaire, d'écœurement visuel. L'énigme ne résiste pas longtemps à un regard flânant, elles évoquent, des logos bien surs, ces supports sont d'origine marchande, des signaux (du code, du langage), des emblèmes (comme des drapeaux, des blasons - un passant me l'a dit : "des blasons médiévaux non?" - une marque de territoire (il paraît que ce type d'enseignes empêche les voiture de se garer devant les boutiques), de l'abstraction géométrique. Toutes ces lectures, plus ou moins évidentes, me semblent valides, je construis mon travail en plusieurs couches pour permettre ces lectures. On pourrait les décrire comme ceci: • Une couche conceptuelle (voir page suivante). • Une couche formelle, une affaire de picturalité (rapports de formes et de couleurs, textures, supports, matériaux...) mais une picturalité adaptée à la ville, à l'époque, à la concurrence de l'environnement. • Une couche contextuelle qui fait que l'objet échappe à la catégorisation art, à priori, et aussi qui camoufle l'œuvre, la rendant non violente et non spectaculaire, ce qui aboutit à ce fabuleux paradoxe qu'un tel objet, conceptuellement construit pour être ultra visible, échappe au regard. • Enfin une couche gestuelle, un sens supplémentaire contenu dans l'action d'enlever un signe commercial pour le remplacer par de l'art. |
