Triptyque Symbolique pour la Cité Administrative

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Cette année là, le PleinOPENair (festival associatif) s'est fixé à la Cité Administrative de l'État (CAE). La cité administrative est un symbole en soi (symbole d'un État centralisé efficace et moderne ou éléphantesque, selon le point de vue), son démantèlement programmé en est un autre. L'avenir de la cité constitue un enjeu urbain majeur pour Bruxelles, ce qui a décidé Nova et CityMine(d) à y concentrer l'attention du public par l'organisation d'un évènement tant culturel que militant.

Ces trois projets s'articulent autour de la question du pouvoir de l'art, et plus particulièrement de son pouvoir symbolique.
Où il s'agit autant d'évaluer sa capacité d'action positive que sa force critique de contre-pouvoir.

Neuf Drapeaux en ruban de chantier

Les drapeaux sont confectionnés en ruban de signalisation pour chantiers (rubalise) assemblés par des bandes adhésives verticales. La fin du drapeau est laissée libre pour former des franges. L'agencement du ruban constitue divers motifs (damier, bandes, chevrons...).
Les 9 drapeaux sont présentés avec le Drapeau uni-communautair(e) Vlag, chargé d'un animal héraldique, produit du croisement du lion Flamand et du coq de la communauté française, il a été réalisé par Peter Westenberg pour le center of Urban(e)(istiques) Anomalie(ën)(s) Bru(x)(ss)el(le)(s).

La CAE comporte dix mâts à drapeaux hauts de 18m, situés dans l'axe de la colonne du congrès (monument au soldat inconnu).

Tout drapeau est à la fois un emblème (un symbole), un marquage de territoire et une ornementation festive.

 

Une tentative de torsion du réel.

 
Le projet "Chaulage" consistait à instituer le traitement anti-parasites des platanes de la CAE comme œuvre d'art publique (voir texte pour les détails).
Si la mise en forme aurait pu être mieux réussie, notamment le moment de l'inauguration, la présence de la plaque était pleinement satisfaisante puisque sa simple lecture modifiait le regard des passants sur le réel, lesquels, dès lors, changeaient le réel en le regardant.
Autre point digne d'être souligné, le transfert du prestige du statut d'artiste vers le jardinier en charge du chaulage.

Depuis le POA, le réel a repris sa forme originelle puisque la plaque a été enlevée...

 

 

 

 

Concours de costumes pour statues

L'appel à projets pour le concours énonçait ceci :
" En art public, les œuvres d'art sont le reflet du système idéologique qui les font émerger. Aussi, il y a certaines esthétiques qu'il convient de contredire. Autant en profiter pour s'amuser un peu...
Envoyez-nous vite vos projets ! "

Au pied de la tour des finances, on trouve ce couple de statues. Deux femmes nues se tiennent dans une pose étrange qui évoque à la fois l'académisme XIXème et l'amorce d'une prise de judo.
En me demandant à quoi elles servaient, j'ai pensé qu'elles étaient là pour signifier " art " ou " ici, nous sommes des gens cultivés " et qu'elles correspondaient à des critères de goûts qui sont ceux de vieux messieurs occupant des fonctions dominantes. J'ai également constaté qu'elles distillaient un je-ne-sais-quoi de sexisme latent (représentez vous la même sculpture, au même endroit mais où les personnages seraient des hommes...).

Il m'a semblé, vu le caractère public de cette œuvre (payée avec notre argent, la tour des finances est assez bien placée pour nous le rappeler) qu'une rappropriation esthétique était autant légitime que nécessaire.

En outre, lors de diverses réunions de travail précédant le POA (notamment à MAP/RAC) il a été question des phénomènes de gentryfication à Bruxelles et de la participation des activités dites " culturelles " à ce phénomène. C'est dans l'espoir d'ouvrir la porte à des gens qui habituellement ne se sentent pas concernés par ces évènements culturels que j'ai lancé ce concours.

Le costume présentait l'intérêt d'être un vecteur culturel universel, très vaste et laissant beaucoup de liberté. En outre, habiller des statues à Bruxelles n'a rien de trop anormal puisqu'on le fait régulièrement avec le Mannekenpis.

De ce point de vue, l'échec est complet, le travail avec les associations des quartiers n'a pas pu se faire (surtout par manque de temps car certaines réponses étaient positives). Ce sont de jeunes artistes qui se sont emparés de la proposition.

4 costumes ont été réalisés, un par semaine. Ensuite, deux prix furent attribués par vote des fonctionnaires et du public. Le dernier jour du POA, une remise des prix singeait une cérémonie de type remise des Oscars.

J'ai moi-même réalisé le deuxième costume avec l'aide de ma sœur Fabienne. Costume officieusement intitulé Tigra & Zébra et qui tentait de matérialiser l'espace-temps qui sépare la femme de Cro-Magnon de la tour des finances.